Participation de Madagascar au Sommet mondial des Autorités de Règlementation des médicaments humains et des médicaments à usage vétérinaire du 04 – 05 Mai 2023 à l’OMS Genève

La Résistance aux AntiMicrobiens (RAM)

Les médicaments dont les antimicrobiens (antibiotiques, antiviraux, antifongiques, antiparasitaires) permettent de guérir les maladies. Ils jouent un rôle critique dans le traitement des maladies des humains, des animaux (aquatiques et terrestres) et des plantes. Toutefois, leur utilisation inappropriée dans la médecine humaine et dans la production animale a mis chaque nation en danger en engendrant une résistance des germes ou bactéries aux antimicrobiens tout en compromettant l’innocuité des aliments, la sécurité alimentaire et le développement économique durable.

La Résistance aux AntiMicrobiens (RAM) est définit comme la capacité des microorganismes (virus, bactéries, champignons, parasites) à se développer face aux médicaments qui sont destinés à les éliminer.

Ce problème de la RAM menace le cœur même de la médecine moderne et la viabilité à long terme d’une riposte efficace de la santé publique face à la menace constante des maladies infectieuses. Elle est devenue un problème d’envergure mondiale

D’après les estimations, 700 000 personnes meurent chaque année d’infections résistantes aux antimicrobiens. Ce chiffre pouvant atteindre les 10 millions en 2050 avec un nombre incalculable d’animaux malades ne répondent plus aux traitements antimicrobiens habituels (O’Neil, 2016). Les derniers rapports des données sur la RAM publiés en 2022 ont montré 4,95 millions de décès associés la RAM (Antimicrobial Resistance Collaborators (consortium de plus 100 experts de tous les continents), Journal Lancet). Autrement dit, on est presque à la moitié de l’estimation en seulement moins de 10 ans.

Ainsi, si nous n’agissons pas immédiatement et de manière coordonnée, nous nous dirigerons vers une ère post antibiotique où des infections courantes pourraient être à nouveau meurtrières: une apocalypse médicale selon les experts. Avec l’échange et le confinement mondial, aucun pays ne peut tirer profit des efforts menés par d’autres sans investir dans son propre territoire. En effet, pour contrôler la Résistance aux AntiMicrobiens (RAM), tous ont le devoir de rejoindre la lutte sans tarder.

La trente-neuvième Conférence de la FAO, tenue en juin 2015, a adopté la Résolution 4/2015 qui reconnaît que la RAM constitue une menace d’ampleur croissante pour la santé humaine, animale et environnementale, et souligne la nécessité d’une action rapide et efficace de tous les acteurs du gouvernement et de la société. Grâce à cette Résolution 4/2015, les États membres de la FAO ont souligné la contribution active de l’Organisation pour le développement du plan d’action mondial de l’OMS pour combattre la RAM, en soutenant la mise en œuvre de mesures de réduction d’utilisation des antimicrobiens dans le secteur de l’alimentation et de l’agriculture.

Conscient du danger que constitue la RAM et de l’enjeu sur l’avenir, en 2016, le Gouvernement malgache a signé la déclaration politique issue de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la résistance aux agents antimicrobiens et fait partie des 10 pays africains engagés dans le système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens.

Afin d’honorer cet engagement, en 2018, le Comité Multisectoriel de Coordination de la lutte contre la RAM (CMC-RAM) a été érigé avec les représentants des secteurs santé humaine, santé animale, environnement et autres partenaires, et dont la principale mission a été d’élaborer le Plan d’Action National de lutte contre la Résistance aux Antimicrobiens (PAN-RAM). Le PAN-RAM a été validé et adopté comme programme gouvernemental suivant la Note de Conseil n° 198/2019-PM/SGG/SC du 30 avril 2019.

  Le PAN-RAM qui a pour objectif d’Assurer la prévention des infections et maitriser la propagation de la résistance aux antimicrobiens estinspiré des directives du Plan d’Action Mondial pour combattre la RAM, comportant 5 axes stratégiques notamment :

  • Sensibilisation, communication et formation sur les risques de la résistance aux antimicrobiens
  • Renforcement des bases de connaissances et des bases factuelles par la surveillance
  • Réduction de l’incidence des infections par des mesures efficaces d’assainissement, d’hygiène et de prévention
  • Optimisation de l’utilisation des médicaments antimicrobiens en santé humaine, animale et végétale
  • Promotion et soutien de la recherche et des autres solutions alternatives.

Les réalisations

Depuis sa validation et son adoption comme programme gouvernemental, plusieurs partenaires se sont engagés à soutenir Madagascar dans la mise en œuvre de ce PAN-RAM n’en citer que l’OMS, la FAO, Programme DEFIS….mais compte tenu des circonstances sanitaires COVID, son niveau d’implémentation est faible.

Toutefois, un financement de 1 million USD a été octroyé à travers l’Alliance quadripartite (OMS, FAO, OMSA, UNEP) pour réaliser le projet AMR – MPTF pour une durée de 3 ans à partir de 2023. Ce projet contribue à la mise en œuvre du PAN-RAM.

Les opportunités/ Les Défis

Les organisations mondiales quadripartites sur la résistance aux antimicrobiens (AMR) –L’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture (FAO), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation mondiale de la santé animale (WOAH) ont organisé conjointement un sommet mondial le 04 et 05 Mai 2023 à Genève, réunissant les acteurs clés pour discuter d’approches coordonnées et durables, ainsi que de la manière de freiner l’utilisation abusive ou excessive des antibiotiques afin de préserver leur efficacité pour la santé humaine et animale.

Madagascar a été représenté par le Dr Ilo Tsimok’Haja RAMAHATAFANDRY, Point Focal de l’OMSA pour les produits vétérinaires et la RAM à Madagascar (DSV/MINAE) et le Dr Hoby Sitraka RAVELOMAMPIANINA, Directeur de l’Agence du Médicament de Madagascar (AMM/MSANP).

Une présentation orale portant sur la distribution des antibiotiques à Madagascar a été menée par le Dr Ilo Tsimok’Haja RAMAHATAFANDRY, à travers laquelle elle a mis en exergue l’importance d’un cadre règlementaire solide et applicable, le contrôle de la chaîne de distribution à tous les niveaux, l’accès aux soins à toute la population et les services de proximité de santé, et surtout la prise de conscience de tous à ne pas faire des automédications pour éliminer progressivement la vente libre des antibiotiques.

A l’issu de ce sommet, la collaboration des deux secteurs (humain et animal) a été fortement recommandée afin de relever les défis. Les recommandations s’orientent à l’élaboration des textes relatifs à l’utilisation, la prescription des antibiotiques dans le secteur animal, le renforcement du contrôle et la mise en application des textes dans le secteur humain, la sensibilisation de masse sur le danger de l’automédication vis-à-vis de la RAM et le renforcement de capacité des prescripteurs.

Malgré les efforts déployés dans la lutte contre la RAM, Madagascar a encore besoin d’efforts pour réduire l’utilisation abusive des antibiotiques. Ce sommet était une opportunité pour apprendre des expériences des autres pays pour bien avancer dans cette lutte contre la RAM.

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