Le succès de la culture de riz hybride se profile pour Madagascar

Les premières récoltes issues de la culture de riz hybride de la variété Weichu 902-3 sont de très bon augure à Mahitsy

23 avril 2020, Mahitsy/Antananarivo – Une délégation de dix personnes conduite par le Ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP) s’est rendu le 23 avril à Mahitsy pour voir de près le riz hybride cultivé sur une parcelle de 40 hectares, et qui sera récolté fin Avril.

Les premiers semis de Weichu 902-3 ont été réalisés en décembre 2019. Les semences ont été produites par la société Yuan Madagascar et fournies par le projet lancé en octobre 2019, financé pour deux ans par le programme de Coopération Sud-Sud (CSS) de la FAO entre la Chine et Madagascar et coordonné par le MAEP. Ce projet intervient sur trois Régions : les Régions Analamanga (Mahitsy) et Alaotra-Mangoro (Ambatondrazaka) où a été réalisé l’introduction du riz hybride, et la Région DIANA (au CEFTEL Antanamitarina) pour l’amélioration de l’élevage de petits ruminants et des cultures fourragères associées.

Les résultats jusqu’ici obtenus de la culture du riz hybride sont très encourageants

A Mahitsy, la zone de démonstration s’étend sur 3 sites et la culture de l’espèce Weichu 902-3 a été testée durant la saison culturale. Les travaux ont été menés avec des petits motoculteurs rotatifs et avec l’aide des riziculteurs locaux. A ce stade de récolte, un rendement de 10 tonnes à l’hectare est attendu à Mahitsy, contre l’actuel rendement moyen de 2,8 tonnes par hectare pour le district.

Nos efforts ont été récompensés”, affirme RAFARAVOLOLONA Hanta, rizicultrice adoptante qui attend un rendement minimum de 8 tonnes à l’hectare à la récolte. Elle fait partie des riziculteurs ayant bénéficié de formations et d’accompagnement techniques sur le riz hybride. Selon elle, “la technique n’est pas difficile mais nécessite beaucoup d’implications. Je compte augmenter ma parcelle de culture dès la prochaine campagne. Les riziculteurs doivent quitter la culture traditionnelle et se tourner vers l’utilisation des semences de riz hybride parce la rentabilité est très bonne”.

Depuis le lancement du projet en octobre 2019 et tout au long des six derniers mois, la collaboration entre les coopérants chinois et leurs homologues malgaches a permis le transfert de connaissances théoriques et pratiques sur le riz hybride. Il s’agit de formations sur les techniques de production de semences de riz hybride, les techniques de culture du riz hybride (trempage de grains, germination de semis, repiquage, fertilisation à l’engrais organique), la protection des plantes et la lutte parasitaire et gestion des champs dont les travaux du sol et son entretien, la mécanisation et le machinisme, etc.). Le MAEP compte intensifier la vulgarisation agricole pour une mise à l’échelle d’adoption du riz hybride par les riziculteurs de Madagascar. A ce titre, le projet a pu jusqu’ici, former plus de 310 riziculteurs. Pour 400 riziculteurs formés, le projet vise au moins 150 adoptants. Sur 2 ans, le projet ambitionne de former la majorité des agents techniques du MAEP et au moins 1000 riziculteurs/rizicultrices afin de porter le rendement rizicole du pays à au moins 8 tonnes par hectare.

La culture de riz hybride est rentable

La culture du riz hybride nécessite le suivi d’un itinéraire technique bien établi, se traduisant par des coûts d’activités et d’utilisation d’intrants plus élevés (par rapport à la culture traditionnelle). Cependant, le riz hybride offre un grand potentiel de rendement. Un ha de terrain irrigué et cultivé suivant la norme établie nécessite environ un budget de 3 500 000 ar (coût d’activités et intrants) et rapportera au producteur, sur la base d’une productivité moyenne de 10t/ha et un prix de vente de paddy de 600ar/kg, 6 000 000 ar.

Notons que le projet traite également du volet agrobusiness pour compléter ses interventions sur l’ensemble de la chaîne de valeur. « Plusieurs expertises ont été mobilisées, pour ne citer par exemple que les spécialistes de la post-récolte qui vont renforcer les capacités nationales pour réduire les pertes après récoltes qui constituent encore 10 à 15 % de la production actuellement. La FAO facilite la coopération favorisant les échanges d’expériences techniques et de savoir-faire. L’échange de solutions contribuera fortement à améliorer la sécurité alimentaire, à faire reculer la pauvreté et à promouvoir une gestion durable des ressources naturelles » a réitéré le Représentant de la FAO.

Relance post-Covid : le riz hybride au cœur de la stratégie du MAEP pour booster la production rizicole

L’atteinte de l’autosuffisance en riz à Madagascar est devenue une nécessité absolue pour le pays en raison de la baisse des échanges commerciaux entre pays liée à la pandémie. Le MAEP compte booster la production rizicole dans les grands bassins de production, surtout des régions côtières qui ont la potentialité de faire deux, voire trois saisons culturales annuelles. Un programme d’actions concrètes est établi sur 3 axes stratégiques afin de faciliter l’accès des cultivateurs à :

  1. une large diffusion de semences de qualité à haute performance, dont le Riz hybride et Nerica-4
  2. l’utilisation d’engrais minéraux (zezi-bazaha toy ny NPK, DAP, UREE) à la dose recommandée,
  3. une mécanisation accrue surtout en riziculture pluviale pour réduire au maximum les pertes post-récolte.

Cette facilitation se fera très prochainement sous forme d’appui financier par l’Etat Malagasy à travers les Dokany Mora ho an’ny Mpamokatra.

Notons que 100 tonnes de semences de riz hybride ont été distribuées par la MAEP cette année pour une superficie de culture de 4 000 ha dans les regions Alaotra Mangoro, Analamaga et Menabe. Un rendement d’au moins 8 tonnes à l’hectare est attendu.

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